MILENA PERRAUD :Traces urbaines et abstractions, du Caire à Barcelone
La plupart des photographies ont été réalisées en Egypte, celles-ci révèlent la diversité et la complexité du pays, à la fois empreint de traditions millénaires et de modernité. De l’abstraction, parfois involontaire, révélée par celui qui est derrière l’objectif au portrait ou à la scène de rue, cette multiplicité façonne le regard. L’Egypte, pays de toutes les couleurs, de toutes les lumières et des ombres inattendues, mais aussi de toutes les surprises. Au-delà de tout sentiment de nostalgie pour un passé des Mille et Une Nuits, il y a la cité moderne tentaculaire et disparate réunissant les extrêmes, si moderne ou si antique, qui transparaît par traces sur les murs, par les mots et les images. La ville s’offre ici à nos yeux sans monument historique, simplement comme le lieu poétique de la transgression et de l’immédiateté. Des traces du quotidien de quartiers plus ou moins pauvres, signes de l’exaspération ou d’un désir, témoignent d’une archéologie moderne et s’affichent en fresque ou en sgraffites sur les parois délavées de la ville. Les clichés choisis mêlent abstraction et photographie urbaine
L’approche que je propose révèlent tout l’encombrement, l’entassement et la stratification de la grande ville. L’’œil se rapproche des éléments particuliers capte ses détails intriguants et abstraits. Les paysages urbains se confondent souvent et, de temps en temps, se singularisent ; les couleurs, les imbrications et la géométrie, la luminosité incertaine et les couleurs saturées. Les murs, quant à eux rivalisent d’originalité dans leurs décors choisis ou graffitis involontaires, lorsque la couleur, la géométrie, l’abstraction et la poésie nous plongent dans les univers d’un Miro ou d’un Tapiès, ou dans celui du pop-art. La photo donne ici à voir du plan le plus distant au plus rapproché une mosaïque de couleurs et de formes, d’impressions et de compositions simultanées.
Les photographies, réalisées en Egypte, entre 2000 et 2010, sont un regard européen sur cette société, sur cette modernité, que d’autres n’aiment pas voir. Les autres travaux, réalisés en France, en Espagne, s’apparentent à la « street photography », photographie de rue, mais avec cette démarche toujours présente, la recherche de l’abstraction, les traces humaines laissées dans la ville déshumanisée ou parfois le moment éphémère où les regards se croisent.